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Good evening
You have come to a special seminar
for an extraordinary speaker.
Most of you will know the Institute Henri Poincaré.
It's the place where mathematicians and physisists meet.
IHM has made at our disposition this amphi theater.
The speaker is David Mackay.
Most of you will probably have seen his book before.
Davis Mackay is professor at the department of physics at the university of Cambridge, UK of course.
He is also, he has 2 jobs.
The other function is chief scientific advisor at the department of energy and climate change
of the British government.
I will hand over the floor to him.
You have understood that the conference will be in english.
You can ask questions during the conference for a better comprehension during the speech.
Of course, discussion will take place at the end of the presentation, please.
You can ask questions in english.
If that's problematic, and you prefer speaking french
you can pose your question in french.
Only french and english are authorised.
David...
Merci beaucoup
Merci beaucoup
Merci
Merci à vous d'être venus
A mon avis, je vais parfois dire des choses que vous n'allez pas forcément bien comprendre.
Donc comme Gérard l'a dit, je vous invite à m'interrompre et à me poser des questions
pour être sûr d'être toujours bien compris.
Un peu comme au cinéma, j'aimerais commencer par quelque chose d'un peu ludique.
Je suis physicien et comme tous les physiciens j'aime les calculs de coin de table
Donc on prend un coin de table et on y écrit des chiffres.
Je vais vous donner un exemple de calcul de coin de table.
Je mangeais avec 2 collègues travaillant pour Shell, la compagnie pétrolière.
Et l'un des deux me dit: Mmmh...
Si on faisait pousser des agrocarburants au bord d'une route,
quelle largeur devrait-elle avoir pour alimenter toutes les voitures sur la route?
Ceci est un bel exemple de calcul de coin de table.
Ecrivons quelques chiffres.
On va dire qu'on a des voitures qui roulent à 100 km/h
Et dont la consommation est de 8 litres aux 100 km
C'est la consommation moyenne des voitures européennes aujourd'hui.
Ensuite il faut regarder la productivité des champs pour agrocarburants.
Environ 1200 litres de biodiesel par hectare et par an.
Ensuite il nous faut la distance entre les voitures.
On va dire qu'elles sont distantes de 80 mètres.
Pas besoin de spécifier la longueur de la route.
Car plus la route est longue, plus les voitures sont nombreuses
et plus le champ sera long.
Donc la longueur de la route est inutile.
Que fait-on avec ces 4 chiffres?
On prend les 2 premiers, on les multiplie entre eux et on les divise par les 2 autres.
et on trouve la réponse. La réponse, c'est que le champ d'agrocarburants doit être large de 7 kilomètres.
J'aime ce genre de calculs, parce que même s'ils reposent sur des hypothèses sur lesquelles on peut discuter,
même si ce genre d'hypothèses est un peu arbitraire,
on trouve une réponse solide: 7 km de large et cela suffit pour se dire: mmmh...
Peut-être qu'il y a un problème avec les agrocarburants.
Voilà pourquoi j'aime ce genre de petits calculs,
parce qu'ils révèlent facilement des problèmes et des questions intéressantes.
Voilà, c'est la fin de mon petit prélude. Maintenant on va pouvoir commencer le gros de la projection.
Alors,
Je suis devant vous parce que j'ai écrit un livre. Désolé pour la publicité gratuite.
J'ai écrit ce livre en anglais.
Je l'ai écrit parce que je voulais aider les gens à comprendre les calculs de coin de table
et voir comment ils s'appliquent à l'énergie.
Les débats sur l'énergie dans les médias me laissaient frustré et énervé.
Je voyais bien que les gens y étaient induits en erreur,
que souvent on y exagérait, qu'on n'utilisait pas assez les chiffres.
Alors j'ai écrit ce livre et je l'ai distribué librement et je suis ravi que des volontaires
aient pris ce livre gratuit sur Internet, qui a été aussi publié sur papier.
ces volontaires ont repris tout ce travail et l'ont traduit dans d'autres langues.
Et je suis ici ce soir pour marquer le lancement de la version française de ce livre,
dont voici la couverture. Vous le trouverez chez votre libraire au format papier.
Mais il est aussi gratuitement accessible sur Internet.
Et je remercie tout particulièrement l'AMIDES qui regroupe ceux qui ont fait cette traduction.
Merci beaucoup à eux tous
Maintenant je voudrais vous donner le message, ou quelques uns des messages-clés de ce livre,
Nous sommes drogués aux combustibles fossiles et ça ne pourra pas durer éternellement.
Lorsque je dis que nous sommes drogués aux combustibles fossiles, je parle des combustibles fossiles faciles d'accès
qui alimentent l'essentiel du monde aujourd'hui. Cet usage des combustibles fossiles n'est pas durable pour 3 raisons:
D'abord, les combustibles fossiles faciles d'accès sont une ressource finie et à un moment ou à un autre dans le futur
cette ressource sera épuisée et l'humanité devra faire autre chose.
Ensuite, le changement climatique qui est principalement dû au fait de brûler les combustibles fossiles est un problème majeur.
Enfin, même s'il y a beaucoup de combustibles fossiles, votre pays n'en a peut-être pas beaucoup.
Et dépendre d'autres pays vous rend peut-être mal à l'aise.
Les 3 motivations pour s'intéresser à la vie après les combustibles fossiles sont donc celles-là.
Ce livre est un guide pour comprendre les possibilités qui s'offrent pour la vie après les combustibles fossiles.
J'aimerais dire quelques mots sur la seconde motivation, celle du changement climatique.
Les concentrations en CO2 n'ont cessé d'augmenter. J'aime les données chiffrées et mon livre en contient beaucoup.
Quand je regarde un graphique comme celui-là, il me semble qu'effectivement, quelque chose s'est passé,
que, peut-être,cela est dû aux hommes. Je pense qu'on peut dire que quelque chose s'est passé.
Je pense qu'on peut dire sans se tromper que 1769 a été une année importante.
Peut-être pas venant de tous les hommes, mais quelques hommes que l'on peut identifier.
Par exemple James Watt, qui breveta en 1769 son moteur à vapeur qui était une manière
plus efficace de convertir du charbon en travail.
Et ce fut l'une des inventions qui concourèrent à la révolution industrielle.
Ces mesures provenant de carottes de glace en Antarctique
montrent la signature du démarrage de la révolution industrielle.
La science du climat est quelque chose de très compliqué et ses prévisions n'ont rien d'absolument certain,
mais la recommandation de la science du climat est :
nous devons inverser la tendance des 100 dernières années.
Il nous faut arrêter d'augmenter notre consommation de combustibles fossiles et réduire les émissions de CO2.
Il y a des incertitudes, mais comme ordre d'idées,
si vous voulez conserver au moins 50 % de chances de limiter le réchauffement à 2°C,
alors il faut réduire les émissions par personne en dessous de 2 tonnes par an
et dans l'idéal en dessous de 1 tonne par an.
Alors qu'aujourd'hui les émissions tournent autour de 5 à 6 tonnes par an et par personne.
Nous ne sommes pas tous égaux, et certains pays s'éloignent de la moyenne.
Il peut être important de regarder les émissions, non pas en moyenne mondiale
qui est de 5 à 6 tonnes par an et par personne, mais pays par pays.
Certains disent: Oh, tout ça, c'est la Chine. La Chine est hors de contrôle.
La Chine est ici.
Sur ce graphique, la largeur correspond à la population et la hauteur aux émissions par habitant.
La surface du rectangle, ce sont les émissions totales, et la hauteur, les émissions par habitant.
La Chine en l'an 2000 était "hors de contrôle" parce que leurs émissions étaient environ la moitié des nôtres.
Nous sommes à peu près là. voici l'Europe, la France, le Royaume-Uni.
Nos émissions sont environ deux fois plus élevées par habitant.
Donc je trouve un peu étrange d'accuser la Chine et dire qu'elle est hors de contrôle,
alors que nous émettons bien plus par personne et ce depuis longtemps.
L'Amérique et l'Australie émettent deux fois plus que les Européens par habitant.
C'est juste un tout petit bout du problème.
Et juste pour que vous gardiez à l'esprit les objectifs que j'ai mentionnés,
d'une tonne par personne et par an ou peut-être deux, ils sont montrés ici:
La ligne verte correspond à 2 tonnes et la ligne noire à 1.
Vous pouvez voir la référence que recommandent les climatologues pour 2050, que j'ai mentionnée tout à l'heure
Leur référence de 1 tonne par an, pour l'instant, seuls le Congo-Kinshasa et le Bengladesh la respectent.
C'est important de garder ceci à l'esprit.
D'où viennent nos émissions?
Principalement de l'énergie. Il y a aussi d'autres sources d'émissions, mais l'énergie est l'une des plus importantes.
Voici un graphique qui montre, horizontalement, la consommation d'énergie par personne,
et verticalement les émissions par personne.
Vous pouvez voir une corrélation forte, et quelques exceptions intéressantes. Par exemple,
l'Islande a beaucoup de renouvelables, hydroélectricité et géothermie.
La Suède a beaucoup d'hydroélectricité et elle a du nucléaire.
La France est un peu une exception ici,
parce qu'elle a du nucléaire, mais ses émissions par habitant sont seulement 20% plus petites
que celles de pays comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni.
Parce que le nucléaire ne fait pas tout. Le nucléaire n'alimente pas l'industrie ni le chauffage ou les transports.
Donc oui, la France est une exception, mais elle fait seulement 20% en moins.
OK, et où voulons-nous amener les gens pour pouvoir atteindre cet objectif de 1 tonne par personne?
On va gentiment demander à chacun de ces pays de rejoindre tous ceux qui se trouvent déjà dans ce rectangle,
c'est-à-dire comme je l'ai dit précédemment, le Congo-Kinshasa et le Bengladesh.
Oui Gérard?
OK la question est:
Est-ce que ces chiffres correspondent juste à la consommation locale d'énergie ou est-ce que cela inclut les importations?
Ces chiffres correspondent à la consommation d'énergie par l'industrie et les autres activités au sein de chaque pays.
Si un pays donné importe beaucoup de produits dont la fabrication est énergivore, cela ne se voit pas dans son total.
L'Islande a une consommation absolument énorme par habitant,
mais c'est parce que l'Islande produit de grandes quantités d'aluminium
qu'elle exporte dans le reste du monde.
Les islandais ne vivent pas comme des Américains ou des Australiens non, ils ont une industrie énergivore.
OK, pour répondre à ces motivations les gens réagissent de manière émotionnelle.
Réagir avec ses émotions, je pense que c'est important. Mais je pense que les chiffres sont tout aussi importants.
Donc, j'ai essayé d'écrire un livre factuel, dans lequel tout le monde pourrait se retrouver.
Et j'ai été ravi que le livre anglais ait reçu le soutien de tous les grands partis politiques en Grande-Bretagne,
des soutiens de membres du parti écologiste, des Amis de la Terre,
et de gens travaillant dans le secteur pétrolier, et dans le secteur nucléaire.
J'ai réussi à en faire un livre factuel qui va au-delà des passions, avec des faits et des chiffres.
Et je voudrais vous donner maintenant un aperçu de ce guide vers l'énergie durable.
L'un des objectifs de ce livre est d'essayer de rendre les chiffres accessibles à tous.
Je voulais que les gens puissent comprendre les chiffres et s'en rappeler.
Si on parle d'énergie en utilisant des millions, des milliards, des trillions...
Je suis convaincu que beaucoup de gens ont du mal à distinguer milliers, millions, milliards.
Même si ces nombres sont très différents les uns des autres
Dans le livre, j'ai choisi une approche différente, où les chiffres sont des unités, des dizaines,
et parfois un peu plus d'une centaine.
Parce que je pense que c'est plus facile à mémoriser.
Il est aussi très important de faire tous les calculs avec les mêmes unités, pour qu'on puisse faire des comparaisons.
Les gens choisissent souvent des unités qui rendent les chiffres énormes et impressionnants.
Dans le livre j'ai utilisé un petit ensemble d'unités pour tout:
toutes les formes de production, et toutes les formes de consommaton.
Dans mon livre, j'ai choisi de mesurer l'énergie en kilowattheures
parce que c'est ce qu'indique votre compteur électrique et aussi votre facture de gaz,
qui convertit votre consommation en kilowattheures.
Pour chaque individu, les activités de tous les jours mettent en jeu un petit nombre de kilowattheures.
Je vais vous donner quelques exemples.
Si vous prenez une ampoule classique et que vous l'allumez pendant 24 heures
alors cette ampoule de 40 watts consomme 1 kilowattheure d'énergie.
L'énergie chimique contenue dans la nourriture que vous mangez chaque jour est d'environ 3 kWh.
Si vous prenez un bain bien chaud cela consomme environ 5 kWh d'énergie sous forme de chaleur.
Si vous prenez un litre d'esssence et que vous y mettez le feu cela dissipe 10 kWh d'énergie chimique.
Si vous avez l'habitude de boire du Coca et que vous jetez les cannettes,
l'énergie requise pour fabriquer l'aluminium de la cannette (sans doute en Islande) est d'environ deux tiers de kWh.
Tous ces exemples sont des activités de tous les jours et consomment un petit nombre de kilowattheures.
Je mesure la puissance, qui indique à quelle vitesse on consomme l'énergie en kilowattheures par jour.
Là, les physiciens et les ingénieurs dans l'assistance vont sans doute sauter au plafond,
parce que le kilowattheure par jour est une unité horrible.
Et les physiciens et les ingénieurs ont déjà une unité appelée le watt ou le kilowatt
qu'on utilise pour mesurer la puissance.
Mais il y a deux raisons pour lesquelles j'ai utilisé les kilowattheures par jour.
D'abord, la plupart des gens ne comprennent pas à quoi correspond un watt ou un kilowatt
Si je disais à monsieur tout-le-monde : votre niveau de vie exige environ 5 kilowatts
Il répondrait probablement quelque chose du genre : 5 kilowatts par jour ou par an ?
Parce qu'il ne comprend pas que le watt inclut déjà le "par unité de temps".
Donc, j'utilise les kilowattheures par jour, parce que du coup, le fait qu'il s'agisse d'un débit d'énergie devient explicite.
Ensuite, le watt est trop petit, et le kilowatt trop gros.
Tous les chiffres sont multipliés par 40 en utilisant les kilowattheures par jour.
Cette unité est donc plus à l'échelle humaine.
Je vais donner quelques exemples supplémentaires.
Si vous conduisez une voiture sur 100 km chaque jour alors vous consommez environ 80 kilowattheures par jour
pour conduire cette voiture. Si c'est une voiture europénenne typique.
Si vous avez une maison typique de l'Amérique du nord ou de l'Europe, vous consommez sans doute environ 80 kWh
par jour pour alimenter le chauffage et tous les appareils à l'intérieur de la maison.
Si vous prenez une fois par an l'avion pour un aller/retour d'Europe à Los Angeles,
le jour où vous voyagez vous consommez beaucoup de kilowattheures.
Mais, si vous calculez à partir de ce voyage annuel la moyenne sur l'ensemble de l'année,
cette habitude correspond à 26 kWh par jour tous les jours de l'année.
C'est comme laisser 26 ampoules de 40 watts allumées en permanence.
Enfin, parlons d'une autre forme de consommation dont certains parlent beaucoup
J'espère que cela vous effraie un peu
Beaucoup de gens au Royaume-Uni en ont parlé, par exemple le maire de Londres :
"parmi les sept choses que vous pouvez faire pour faire une vraie différence,"
il y a le fait de débrancher votre chargeur de téléphone quand vous ne l'utilisez pas"
Et le texte en blanc dit : "Si chaque foyer londonien débranchait son chargeur de téléphone inutilisé,"
"on économiserait 31 milliers de tonnes de CO2 et 8 millions de livres sterling chaque année"
Mazette ! Des milliers de tonnes, des millions de livres ! Mais la population de Londres, c'est 7 millions de personnes.
Donc si on divise par 7 millions, cela fait une livre par personne et par an d'économie.
Donc cela ne fait peut-être pas autant qu'il n'y paraît. Vérifions, regardons les chiffres.
Donc cela ne fait peut-être pas autant qu'il n'y paraît. Vérifions, regardons les chiffres.
Le chargeur de téléphone est-il un destructeur de planète maléfique ? Voyons les chiffres.
Si vous débranchez votre chargeur de téléphone une journée entière au lieu de le laisser branché,
combien d'énergie vous économisez ?
Et bien l'énergie économisée, vous la trouvez ici à gauche
C'est exactement la quantité d'énergie que vous consommez en conduisant une voiture moyenne pendant une seconde.
Dans les deux cas, cela fait 0,01 kWh
Je ne suis pas en train de dire "laissez votre chargeur branché".
Débranchez-le, vous économiserez effectivement de l'énergie.
Mais gardez bien à l'esprit que c'est une toute petite quantité
comparée à d'autres formes de consommation d'énergie dans votre vie.
Juste pour vous le montrer graphiquement voici les 4 choses dont je viens de parler.
Chacun de ces objets est proportionnel à la consommation d'énergie.
En tout, la consommation d'énergie du Royaume-Uni est d'environ 125 kWh par jour et par personne.
Vous pouvez voir ça comme en gros 40 ampoules pour le transport.
en gros 40 ampoules pour le chauffage et en gros 40 ampoules pour produire de l'électricité.
L'électricité effectivement consommée au Royaume-Uni correspond à 17 ampoules par personne.
Donc l'électricité consomme environ un tiers de l'énergie nécessaire à l'obtenir.
Et au final, on en consomme environ 17 kWh par jour et par personne.
Comme je le disais dans mon introduction, l'essentiel de cette énergie provient des combustibles fossiles.
Ceci est vrai pour le monde developpé, l'essentiel de cette énergie aujourd'hui
provient des combustibles fossiles.
Au Royaume-Uni, environ 90 % de notre énergie provient des combustibles fossiles.
Quand on imagine la vie après les combustibles fossiles il est important de garder à l'esprit quelque chose d'autre.
la surface du territoire.
Parce que l'une des possibilités pour la vie après les combustibles fossiles
Ce sont les énergies renouvelables
et toutes les formes d'énergie renouvelable exigent une certaine surface de terre ou de mer.
Il nous faut donc parler de densité de population et de superficie de territoires.
L'unité que je vais utiliser pour mesurer les densités de population,
C'est le nombre de personnes par kilomètre carré.
Au Royaume-Uni, on a 250 personnes par kilomètre carré
et la superficie par personne est donc d'environ 4000 mètres carrés.
Si vous voulez vous l'imaginer et vous en souvenir cela fait la moitié d'un terrain de football.
Il nous faut aussi parler de puissance par unité de surface.
Je mesure la puissance par unité de surface avec l'unité standard des physiciens et des ingénieurs,
c'est-à-dire le watt par mètre carré.
A présent, utilisons ces unités pour décrire le monde entier. Je vais vous montrer une autre carte du monde.
Dans laquelle, horizontalement, vous avez la densité de population
et verticalement la consomation d'énergie par personne en kWh par jour
et la taille de chaque pays correspond à sa superficie. J'ai commencé par le Royaume-Uni ici
Ici en bleu, les pays européens
et les lignes diagonales correspondent à des multiplications par 10
Les échelles des deux axes sont logarithmiques.
Donc quand vous allez de cette ligne à celle-ci, puis à celle-là
à chaque fois, vous multipliez par 10 la densité de population.
et pareil verticalement, on va de 10 à 100 kilowattheures par jour et par personne.
J'utilise des échelles logarithmiques parce que cela rend la carte plus lisible.
Donc en bleu, on a les pays européens, en rouge l'Asie
en vert le Moyen-Orient et l'Afrique du nord en bleu, l'Afrique subsaharienne
en noir les pays d'Amérique du sud en rose, l'Amérique centrale et le Mexique
Et dans ce vert-là, le Canada, les Etats-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Voilà la carte du monde!
Il est frappant de voir la grande variété à travers le monde.
La densité de population varie selon un facteur de plus de cent entre les pays.
Et la consommation d'énergie par personne varie aussi selon un facteur de près de cent.
En haut à gauche, on a l'Islande, le Canada, l'Australie avec des densités de population très faibles.
et des consommations par habitant très élevées: 300 ampoules par personne.
En haut à droite, Bahrein a la même consommation d'énergie par personne que l'Islande
et sa densité de population est environ 300 fois plus élevée.
En bas à droite, le Bengladesh consomme environ 100 fois moins par personne que Bahrein.
Mais il a la même densité de population très élevée.
Et en bas à gauche ? En fait il n'y a plus personne là. Avant il y avait des pays,
mais tous les pays se déplacent lentement vers la droite et vers le haut,
en tout cas la plupart d'entre eux se déplacent lentement vers la droite et vers le haut,
Je vais vous le montrer avec ces petites flèches bleues.
Derrière la Chine on a 15 ans de développement. Pour le Portugal, le Brésil, l'Algérie,
le Soudan, la Libye, etc.
De nombreux pays se déplacent vers le haut et vers la droite. Ils tâchent de nous rejoindre dans le coin en haut à droite.
Nous, c'est le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Japon, et la France qui a une densité de population plus faible.
De combien ? Juste un facteur 2. Vous avez une densité de population moitié de celle du Royaume-Uni.
Donc les réponses diffèrent selon les pays.
Pour certains, les réponses sur le futur de l'énergie ne sont pas les mêmes que pour d'autres.
Il est possible que l'Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni
soient représentatifs de ce que de nombreux pays vont devenir à l'avenir.
Il se situent au dessus de la moyenne, mais en fait la plupart des pays sont déjà au dessus de la moyenne.
et la plupart continuent à s'éloigner au dessus de la moyenne.
Lorsque je dis que la plupart des pays sont au dessus de la moyenne, laissez-moi être précis :
la consommation moyenne mondiale de puissance est de 0,1 W/m²
Et c'est ce que montre cette ligne ici.
Si vous multipliez la consommation d'énergie par personne avec la densité de population d'un pays
Vous obtenez la puissance par unité de surface de ce pays que l'on peut mesurer en watts par mètre carré
Donc tous les pays sur cette ligne rose ont la même puissance par unité de surface.
0,1 W/m², c'est la densité de puissance de l'Arabie saoudite, de la Norvège, de l'Afrique du sud,
du Mexique, de la Chine en 1990, de l'Inde en 1990 et du Bengladesh en 1990.
Et c'est aussi la consommation mondiale moyenne de puissance.
Mais la plupart des pays sont au-dessus.
Ce que je veux dire, c'est : la plupart des gens sont au dessus de la moyenne.
La plupart des gens vivent dans des pays qui sont au dessus de la moyenne.
Parce qu'environ 80 % de la population mondiale est au dessus de cette ligne.
Au dessus de 0,1 W/m²
Donc oui, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon sont un peu atypiques,
parce que leur consommation de puissance est d'environ 1,2 W/m².
Mais 80% de la population mondiale se situe au dessus de cette ligne-ci.
C'est donc un exemple intéressant.
Et si on se concentre sur l'Allemagne et le Royaume-Uni (c'est ce que je vais faire maintenant)
toutes les réponses pour la France sont très proches, car la France a en gros la même consommation.
Mais une densité de population de moitié,
donc il y a une différence d'un facteur 2 ce qui est relativement peu
comparé à ces différences bien plus grandes là.
Maintenant, que peut-on dire de ce schéma ?
Je vous ai montré la consommation actuelle de puissance de tous ces pays
On peut à présent comparer ces consommations de puissance par unité de surface
avec la production de puissance renouvelable par unité de surface.
On va réduire un peu le graphique
et ajouter quelques lignes supplémentaires pour montrer la puissance de renouvelables par unité de surface
D'abord, commençons par les récoltes énergétiques.
Dans ma petite introduction, j'ai parlé des agrocarburants et voici un chiffre sur les meilleurs agrocarburants en Europe :
L'intervalle est large, mais un chiffre typique, c'est 0,5 W/m²
Voilà qui est plus petit que 1,2 W/m²
Cela veut dire que même si on recouvrait l'intégralité du Royaume-Uni avec des cultures d'agrocarburants,
l'énergie produite ne suffirait pas pour égaler la consommation d'énergie actuelle du Royaume-Uni.
Il faudrait deux fois et demi la superficie du Royaume-Uni en champs d'agrocarburants,
si on voulait alimenter toute la consommation d'énergie actuelle avec des agrocarburants.
Cette conclusion s'applique même à la France malgré sa densité de population plus faible
Si on couvrait l'intégralité de la France de champs d'agrocarburants,
on obtiendrait moins d'énergie sous forme d'agrocarburants que ce que la France consomme aujourd'hui.
Donc c'est une information intéressante.
L'éolien arrive à fournir plus de puissance par unité de surface.
Au Royaume-Uni, les parc éoliens produisent environ 2,5 W/m²
Dans mon livre, j'ai écrit qu'en moyenne, les parcs éoliens produisaient environ 2 W/m².
Je suis content de pouvoir corriger une erreur dans mon livre et c'était une erreur.
Sur terre, les parcs éoliens produisent un peu plus que 2 W/m². Ils produisent environ 2,5 W/m².
Et voici les données qui étayent cette correction.
Il y a environ 50 parcs éoliens au Royaume-Uni.
Ici, horizontalement, vous avez la superficie du parc éolien
et verticalement, la puissance réelle par unité de surface, la puissance moyenne par unité de surface.
L'intervalle est très large, mais ils se situent tous entre 1 et 4 à 5 W/m².
Dans mon livre, j'ai écrit que les parcs éoliens en mer pouvaient produire environ 3 W/m².
C'était aussi une erreur :
ces 4 parcs éoliens qui forment l'ensemble des parcs en mer du Royaume-Uni,
produisent un petit peu moins de 3 W/m². Et je suis toujours content de pouvoir corriger des erreurs.
En résumé, l'ensemble des parcs éoliens produit en gros 2,5 W/m².
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire que si on couvrait la moitié du Royaume-Uni d'éoliennes, en moyenne, elles produiraient
la consommation d'énergie du Royaume-Uni.
Il s'agit de la consommation totale d'énergie du Royaume-Uni sous toutes ses formes.
Pas seulement d'électricité, mais aussi de l'industrie, du chauffage et des transports.
Le message est le même pour les autres renouvelables
Parlons à présent du photovoltaïque
Les panneaux photovoltaïques sur les toits orientés au sud au Royaume-Uni produisent environ 20 W/m².
Voici de vraies données provenant d'un toit à Cambridge,
qui montre qu'on obtient une puissance qui varie dans l'année, et en moyenne, elle est d'environ 20 W/m².
Si on couvrait de panneaux solaires tous les toits orientés au sud on obtiendrait une quantité de puissance appréciable.
Mais pas autant que la consommation totale du Royaume-Uni.
Si on veut obtenir plus de puissance du photovoltaïque, il faut sauter du toit et adopter
la technique traditionelle bavaroise.
En Bavière, il est de tradition de couvrir la campagne de panneaux.
Voici une photo d'un petit coin de Bavière et la puissance produite par ces installations
est inférieure à 20 W/m², Parce que 20 W/m², c'est la puissance d'un panneau.
Quand vous installez un parc photovoltaïque, vous êtes obligé de laisser des espaces vides entre les panneaux,
comme vous pouvez le voir sur la photo.
Il faut laisser de l'espace pour permettre aux humains d'y passer pour nettoyer les panneaux
et assurer leur maintenance.
Et il faut des espaces vides pour éviter que les panneaux se fassent de l'ombre les uns les autres.
Et la véritable puissance de ces parcs tourne autour de 5 W/m².
C'est la puissance moyenne sur 24 heures ?
Oui, c'est la puissance moyenne sur 24 heures et c'est la moyenne sur les 365 jours de l'année.
Donc en moyenne on obtient 5 W/m² de ces parcs photovoltaïques.
Je n'ai pas réussi à obtenir les vrais chiffres de production de ces parc bavarois.
Par contre, j'ai les chiffres pour un parc américain. Celui-ci est dans le Vermont.
L'ensoleillement dans le Vermont est meilleur qu'au Royaume-Uni.
Au Royaume-Uni, il est en moyenne 110 W/m² Dans le Vermont, il tourne autour de 140 W/m²
Et la puissance produite par ce parc solaire est d'environ 3.8 W/m².
Ceci est un parc solaire moderne et tout nouveau. ...
C'est exact. C'est une moyenne sur le jour et la nuit.
J'ai pris la production d'énergie totale que j'ai divisée par le nombre de jours de la période.
Pour chacun, j'ai pris la quantité d'énergie sur un mois, que j'ai divisée par le nombre de jours dans le mois.
Ensuite on divise par la superficie au sol, et on obtient la puissance par unité de surface.
J'ai mesuré la superficie de cette installation à l'aide de Google Maps.
Donc ça ne fait pas beaucoup plus que les parcs éoliens que nous avons vus précédemment.
Que veut dire toute ceci ?
Si vous avez besoin de recouvrir la moitié du Royaume-Uni de parcs éoliens pour couvrir toutes les formes
de consommation d'énergie en Grande-Bretagne,
il faut juste un quart du Royaume-Uni recouvert d'installations solaires pour produire en moyenne
la consommation énergétique totale du Royaume-Uni. C'est quand même une très grande superficie.
Une autre possibilité est de concentrer la puissance solaire. Elle pourrait permettre d'obtenir plus de
puissance par unité de surface. Bien sûr, pour cela, il vous faut des déserts.
Ce que la Grande-Bretagne n'a pas
... enfin pas encore !
La production réelle des installations concentrant l'énergie solaire est de quelque chose comme 10 W/m².
Cette installation en produit 14
Celle-ci en Espagne fournit 10 W/m².
Elle dispose de réservoirs de chaleur, contenant des sels fondus pour stocker la chaleur jusqu'à la nuit.
C'est quelque chose de bien pratique, car la puissance moyenne est évidemment beaucoup plus faible
que la puissance crête.
Le soleil monte et descend dans le ciel,
et grâce aux sels fondus on peut emmagasiner la chaleur de la journée pour la nuit.
La puissance moyenne produite est de 10 W/m².
Voici une autre installation en Espagne qui utilise une tour solaire, cette installation fournit 5 W/m².
En étant généreux, les parcs solaires à concentration pourraient fournir quelque chose comme 20 W/m².
Voici un autre facteur 4 par rapport aux parcs photovoltaïques que nous avons vus précédemment.
Donc, au lieu de construire des parcs solaires en Bavière, on pourrait construire
des parcs solaires à concentration dans le désert de quelqu'un d'autre
et la taille requise serait 4 fois plus petite que sur un site typique du nord de l'Europe.
Oui, Gérard?
La question est : comment fonctionnent ce type d'installations ?
L'énergie du soleil est concentrée dans un espace très petit,
où la température devient extrêmement élevée.
Et on fait chauffer de la vapeur à très haute température qui permet de faire tourner une turbine.
C'est comme cela que fonctionne cette tour solaire.
De la même manière, ici à Andasol, on concentre la chaleur dans ces petits tubes.
Et dans ces tubes circulent en fait des sels fondus
que l'on utilise ensuite pour générer de la vapeur puis de l'électricité.
L'électricité est ce que produisent ces installations.
En principe, on pourrait faire d'autres choses par exemple, fournir de la vapeur
pour des processus industriels.
Et cette société, e-solar, n'a pas pour seul intérêt de produire de l'électricité,
mais aussi de la chaleur haute-température pour l'industrie.
Question: s'agit-il d'héliostats ou de miroirs fixes ?
Les miroirs de l'installation de e-solar sont tous des héliostats : ils suivent le soleil.
Ceux-ci sont aussi des concentrateurs solaires qui suivent le soleil
Ils ont un moteur Stirling à leur foyer.
Et ces paraboles à Andasol tournent selon un degré de liberté.
Ces miroirs suivent aussi le soleil pour concentrer en permanence sa lumière dans la tour.
OK, voici quelques renouvelables
mais tous sont vraiment diffus.
Certains sont encore plus diffus que d'autres.
Quand je dis diffus, je veux dire que la puissance par unité de surface est vraiment réduite.
Voici un tableau qui liste la puissance par unité de surface.
Je vous ai parlé de l'éolien, des agrocarburants, des panneaux photovoltaïques
et du solaire dans les déserts.
Je vais mentionner une autre possibilité : les marées.
Il y a deux manières d'utiliser les marées.
L'une est d'avoir un bassin de marées qui se remplit à marée haute
et à marée basse, vous laissez échapper l'eau. C'est comme une petite installation hydroélectrique.
La France a l'une des installations marémotrices les plus anciennes et les plus grandes, celle de la Rance
et sa puissance par unité de surface est de 2,7 W/m². C'est la puissance par unité de surface utilisée.
J'ai pris la superficie de la région ici pour trouver la puissance par unité de surface.
En Grande-Bretagne, il y a un endroit où on pourrait construire une installation similaire :
l'estuaire de la Severn.
Ces deux cartes montrent l'estuaire de la Severn et de la Rance à la même échelle.
Donc voici notre chiffre : 3 W/m². Il est semblable à celui des parcs éoliens.
Le message, c'est donc : si vous voulez un bassin de marées, pour faire vraiment la différence,
il vous faut un bassin de la taille de votre pays. Pas juste de la taille de l'estuaire de la Rance.
En fait, l'Europe dispose déjà d'une telle installation :
La Mer du nord est un immense bassin de marées, dans lequel arrivent et d'où partent
de grandes quantités d'eau à travers la Manche et ces différents couloirs au niveau des Orcades.
Il est possible d'utiliser ce bassin de marées naturel pour obtenir de grandes quantités
d'énergie d'une autre manière, c'est-à-dire en mettant une génératrice dans la Manche
ou ici dans les Orcades, pour exploiter l'énorme zone naturelle
que constitue ce bassin de marées qui reçoit et dont s'échappe l'eau
Récupérer ce "flux de marées", on peut le faire avec des hydroliennes :
des turbines que l'on enfouit dans l'eau par exemple, celle-ci fonctionne en ce moment au Royaume-Uni.
Elle tourne sur un site appelé Strangford Lough en Irlande du nord.
Il y en a d'autres exemplaires en Corée du nord et en Norvège.
Le flux de marées est une technologie très jeune et il est difficile d'estimer combien sera
sa puissance par unité de surface
Mais dans mon livre, je l'estime à quelque chose comme 8 W/m².
Cela dépend du site choisi, etc.
Et peut-être de détails que nous ne comprenons pas encore.
Mais en gros, c'est un chiffre qui tourne toujours autour des mêmes valeurs
que tous les autres renouvelables.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire que si à l'avenir, vous voulez vivre sur les renouvelables au niveau actuel de consommation d'énergie
alors si vous vivez dans un pays européen,
il faut vous attendre à ce que ces installations soient en gros de la taille de votre pays,
ou un peu plus petites : peut-être 10 %, 20 % ou 5 % de votre pays
devraient être occupés par des installations renouvelables.
Si vous voulez soutenir la consommation actuelle uniquement sur des renouvelables.
Et ceci se vérifie quel que soit le mix de renouvelables que vous mettez en place.
Si vous changez le mix, par exemple en mettant plus de solaire et moins d'éolien.
Vous pouvez les mettre au même endroit, par exemple des champs d'agrocarburants au sein de vos parcs éoliens.
Si vous faites ça, alors l'installation que vous obtenez va produire 2,5 plus 0,5 W/m², soit 3 W/m²,
et l'argument reste inchangé.
La superficie totale de ces installations reste vraiment grande.
Oui ?
OK, la question est : n'y a-t-il pas une incohérence entre ces 2 chiffres au sujet du marémoteur ?
La raison de ce qui semble être une incohérence est la définition de la superficie.
Lorsque je parlais de la puissance par unité de surface de la Rance,
j'ai divisé la puissance produite par la surface totale du bassin de retenue.
Lorsque j'ai estimé la puissance produite par une installation de flux de marées,
j'ai pris la superficie de mer occupée par les turbines.
Je n'ai pas pris la superficie totale de la Mer du Nord.
Là où vous placez les turbines, vous avez plus de puissance par unité de surface.
Voici donc la puissance par unité de surface d'un certain nombre de renouvelables.
Voici quelques autres renouvelables que j'ai mentionnées dans mon livre.
Par exemple, la puissance des vagues et la géothermie. Ces formes d'énergie renouvelable
posent des problèmes similaires. Elles sont diffuses.
Il existe d'autres manières d'obtenir une énergie faiblement carbonée.
L'une d'entre elles, c'est le nucléaire.
Et la puissance par unité de surface d'une centrale nucléaire tourne autour de 1000 W/m²,
ce qui est significativement plus grand que les renouvelables.
OK, la question est donc : est-ce que j'ai inclus la superficie des mines d'uranium dans ce calcul ?
Et la réponse est : non.
Pour obtenir 1000 W/m², j'ai divisé l'énergie produite par cette centrale, ici Sizewell B,
par la surface de ce carré.
Sizewell B produit 1 gigawatt en moyenne et couvre 1 kilomètre carré. Ca fait 1000 W/m².
Voilà le calcul.
Si je prenais en compte la surface nécessaire aux mines d'uranium pour trouver l'empreinte
de cette centrale, on aurait un nombre plus petit. Voyons cela.
L'uranium de l'essentiel des centrales nucléaires dans le monde provient d'une seule mine australienne
appelée Olympic Dam.
Et cette mine n'est pas utilisée uniquement pour extraire de l'uranium.
Si on ne l'utilisait que pour l'uranium
on pourrait faire un calcul, trouver combien d'électricité elle produit et quelle superficie au sol
Et la réponse serait 1000 W/m²,pour Olympic Dam.
En ajoutant les deux ensemble vous pourriez dire : ah mais en fait, l'empreinte totale est de 500 W/m².
C'est-à-dire la moitié, pour prendre en compte aussi la mine.
Donc OK, cela fait 500. Mais souvenez-vous que Olympic Dam produit bien d'autres choses.
L'uranium n'est en fait qu'un sous-produit qui accompagne les principaux minerais extraits d'Olympic Dam.
Olympic Dam produit du zinc, du cuivre, et toutes sortes d'autres choses,
donc l'uranium vient presque gratuitement dans cette mine. Je suis sûr qu'on pourrait creuser un peu plus ce sujet.
Donc oui, environ 1000 W/m².
Mais il y a des centrales nucléaires avec une puissance par unité de surface encore plus élevée.
Voici Gravelines, sur la côte nord de la France.
Elle possède non pas 1, mais 6 réacteurs dans son kilomètre carré.
Voici les 6 réacteurs, et voici le kilomètre carré sur lequel se trouve les 6 réacteurs
et le reste des installations nécessaires.
Donc la puissance moyenne produite à Gravelines est de 4400 W/m².
Donc en suivant cette métrique, la puissance par unité de surface, le nucléaire est moins intrusif que les renouvelables.
Bien sûr ce n'est pas la seule métrique à laquelle on s'attache.
Il n'y a pas que la puissance par unité de surface qui soit importante.
Il y a aussi d'autres métriques importantes : des choses comme les déchets dont on hérite à long terme,
les coûts et tout ce genre de choses.
Donc quand je dis que le nucléaire requiert moins de territoire
que l'éolien, je ne dis pas que le nucléaire, c'est mieux. Il s'agit juste de chiffres, qui j'espère sont utiles.
Et quand on dit que le nucléaire pose des problèmes d'acceptation sociale, il faut voir aussi que,
il faut voir aussi que, oui, c'est vrai, le nucléaire a ce genre de problèmes,
mais les renouvelables aussi.
Voici une photo d'une consultation publique dans la ville de Pennycook dans la banlieue d'Edimbourg en Ecosse.
Vous pouvez voir les enfants de Pennycook faire la fête devant une effigie d'éolienne qui brûle.
Donc beaucoup de sources d'énergie posent des problèmes d'acceptation sociale.
Il nous faut prendre en compte ces problèmes d'acceptation sociale pour le nucléaire, pour l'éolien,
pour le changement de style de vie, etc.
Il nous faut comprendre les chiffres, et il nous faut un plan pour lequel le compte soit bon.
A quoi peut-il ressembler? Cela dépendra du pays dont on parle.
Pour des pays situés en haut à droite de ce diagramme comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, la France,
le message est : vous pouvez vivre sur les renouvelables à condition qu'elles soient développées à grande échelle.
Vous pouvez aussi vivre sur le nucléaire, à condition que les gens l'acceptent.
Ou un troisième possibilité, c'est d'être très gentil avec les pays situés à gauche sur ce diagramme
qui ont des densités de population très faibles et leur demander gentiment : on ne veut pas
de renouvelables dans nos jardins, vous pourriez en faire dans les vôtres pour nous ?
La taille de ces installations resteraient en gros de la même taille que dans votre pays,
ou peut-être un peu plus petites.
Vous pourriez gentiment vous adresser à la Libye, au Kazakhstan, à la Mongolie et à d'autres pays
du même genre, et leur demander de l'énergie.
Ce sont des possibilités côté production. Il y en a d'autres encore.
Et vous pouvez imaginer combiner tous ces leviers. Voici quelques unes des possibilités à notre portée.
Nos renouvelables, les renouvelables d'autres pays, le nucléaire, etc.
Par exemple, la capture et séquestration du carbone est une autre technologie dont j'aimerais parler.
Cela veut dire : continuons de brûler des combustibles fossiles, mais capturons au moins le CO2
qu'auparavant on laissait partir dans l'air et enfouissons-le quelque part dans le sous-sol.
Il y a encore une autre possibilité :
Nous ne sommes pas obligés de continuer à avoir la même consommation d'énergie qu'aujourd'hui.
Parmi les choses possibles qu'un pays comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne pourraient faire,
il y a le fait de réduire la consommation d'énergie par habitant au niveau, disons, de la Chine ou de l'Inde,
Cela réduirait la quantité de puissance nécessaire, et il serait plus facile de la fournir grâce à moins de renouvelables,
moins de nucléaire ou moins de désert d'autres pays.
Parmi tous les leviers, il y a des leviers verts, ceux qui alimentent en énergie,
et il y a les leviers rouges, ceux qui réduisent notre consommation d'énergie.
Et dans le livre, je décris comment on pourrait réduire la consommation d'énergie des principaux secteurs
Et je me concentre sur les transports et le chauffage et la manière dont les gens peuvent vraiment
changer leur vie en comprenant mieux leur consommation d'énergie.
A présent, je voudrais vous parler de ces 3 leviers rouges à droite.
Evidemment, il existe aussi d'autres possibilités pour modifier la demande mais je vais me concentrer sur ceux-ci.
Jetons un oeil sur le transport.
Comment rendre le transport plus efficace ?
Les lois de la physique indiquent qu'il y a 5 choses à faire.
En premier, le véhicule doit avoir une petite surface frontale par personne. Cela réduit la résistance de l'air.
En second, le véhicule doit être le plus léger possible par personne. Cela réduit à la fois la résistance au roulement et
les pertes liées au freinage.
En troisième, le véhicule doit rouler lentement. Cela réduit à la fois la résistance de l'air et
les pertes liées au freinage.
En quatrième, pour économiser l'énergie, il faut rouler à vitesse stabilisée,
en accélérant et en ralentissant le moins possible. Cela réduit les pertes liées au freinage.
En cinquième, il faut convertir l'énergie de manière efficace entre les différentes formes.
Les moteurs standard que nous utilisons aujourd'hui ont un rendement de seulement 25% pour convertir
l'énergie chimique en travail au niveau des roues. Et on peut faire beaucoup mieux.
Si on applique tous ces principes au véhicule standard d'aujourd'hui,
qui est une voiture avec une seule personne à bord et consomme 80 kWh pour 100 km,
si on applique tous ces principes, on arrive à quoi ?
Et bien à ça.
Voici trois personnes sur un vélo qui consomment 1 kWh pour 100 km.
Certains appelent cela un changement de style de vie et il existe d'autres possibilités entre ces deux extrêmes,
qui utilisent les lois de la physique de diverses manières.
Vous pouvez voyager dans une éco-voiture si vous voulez avoir le confort de votre propre voiture.
Cette éco-voiture est plus basse qu'un cône de signalisation, elle accueille confortablement un adolescent
et sa consommation énergétique est assez proche de celle du vélo à condition de rouler à environ 23 km/h
Encore une fois la dame qui conduit ce tank pourrait rétorquer qu'il s'agit d'un changement de son style de vie.
Une autre possibilité, si on veut aller vite, c'est de prendre un TGV. Sa consommation d'énergie
est aussi faible parce que vous partagez sa surface frontale avec un grand nombre de gens.
Il consomme seulement 3 à 6 kWh pour 100 km.
Ah, mais notre dame dans le tank va dire non, non, non, ça aussi, c'est un changement de style de vie,
je ne peux pas voyager avec tous ces gens horribles.
Peut-être va-t-elle préférer la voiture électrique. Les voitures électriques sont beaucoup plus efficaces
que les voitures standards pour convertir l'énergie chimique en mouvement.
Leur rendement entre la batterie et les roues est d'environ 85 %.
Bien sûr, vous devez vous demander : d'où vient l'électricité ?
Si votre rendement pour obtenir l'électricité n'est que de 30 %
et en brûlant des combustibles fossiles alors vous n'y gagnez pas vraiment.
Mais si vous pouvez obtenir votre électricité à partir d'une autre source,
alors les véhicules électriques peuvent être une solution utile.
OK, voilà quelques possibilités pour le transport.
Voyons maintenant le chauffage, et je vais me concentrer sur le chauffage des bâtiments.
Une maison britannique typique de piètre qualité ressemble à ça :
voici ma maison à Cambridge.
Voilà ma Ferrari.
Que peut-on faire avec cette maison ?
Elle perd de la chaleur. Voyons ce que dit la physique.
La physique dit que les pertes de chaleur sont proportionnelles à la déperdition du bâtiment
multiplié par la différence de température entre extérieur et intérieur.
La puissance nécessaire pour compenser les pertes de chaleur,
ce sont les pertes de chaleur divisées par le rendement de votre système de chauffage,
que l'on appelle coefficient de performance du système de chauffage.
C'est le rendement avec lequel ce système convertit une forme d'énergie en chaleur dans votre maison.
Comment peut-on réduire la puissance nécessaire ?
Il faut s'attaquer aux trois termes à droite. On peut réduire la différence de température
entre extérieur et intérieur avec une technologie incroyable
appelée le thermostat.
Vous prenez le thermostat, vous le tournez vers la gauche et votre consommation d'énergie baisse.
J'ai essayé : ça marche !
Certains vont appeler cela un changement de leur style de vie.
Je vais insister sur le fait que c'est une technologie très importante que tout le monde pourrait utiliser.
Cela peut faire une grosse différence. Je reviendrai sur ce point.
Ensuite, on peut réduire la déperdition, c'est-à-dire les pertes de chaleur à travers les fenêtres,
les portes, les murs, le toit et le plancher.
Dans ma maison, j'ai acheté une nouvelle porte d'entrée, et j'ai demandé à un spécialiste d'insérer
de l'isolant dans mes murs. Il l'a fait et cela a réduit la déperdition d'environ 25 %,
de 8 kWh/jour/°C à 6 kWh/jour/°C. Cela fait une amélioration de 25 %.
Ca vaut le coup, mais ce n'est pas non plus un énorme changement.
Voici quelques photos d'autres mesures pour réduire la déperdition.
On peut mettre de l'isolant supplémentaire à l'extérieur d'un bâtiment
Si on met par exemple 12 centimètres de laine de verre on peut rapprocher le bâtiment
proche des standards de construction modernes, les standards en vigueur en Suède. ( RT2012 / BBC )
Voici quelques photos fournies par l'AMIDES Voici la maison de Martin.
Martin a mis de l'isolant supplémentaire à l'extérieur de sa maison .
Et voici quelques photos qui montrent ce truc astucieux consistant à placer les fenêtres à l'extérieur du mur.
Ainsi il s'est fait un joli renfoncement, ce qui est quelque chose d'assez sympathique.
On peut donc le faire en France comme en Allemagne et en Pologne.
La troisième chose est de produire de la chaleur de manière plus efficace.
Le système de chauffage standard est une chaudière à gaz qui prend du gaz naturel et y met le feu.
Et elle a un rendement de, peut-être, 90 % et ça a l'air d'être un bon rendement.
Mais en fait, on peut faire beaucoup mieux qu'un rendement de 90 % :
on peut utiliser une pompe à chaleur,
qui est un appareil qui consomme de l'énergie à partir d'électricité pour déplacer la chaleur
de votre jardin jusqu'à votre maison.
Voici quelques photos d'une pompe à chaleur air-air
Et voici une autre pompe à chaleur air-eau au Japon qui s'appelle EcoCute
Elle est en 2 parties : Pompu et Tankman.
Tous les deux sont très sympathiques, avec des gants, une cape de jolis yeux et tout.
Le rendement d'une pompe à chaleur est supérieur à 90 %
Meilleur jusqu'à quel point ?
En fait le fabricant d'EcoCute affirme que le rendement de sa pompe à chaleur est de 490 %.
Vous y mettez 1 unité d'électricité et ensuite Pompu pompe 4,9 unités de chaleur dans Tankman.
Donc 1 de ces 4,9 unités provient de l'électricité et les 3,9 autres unités proviennent de l'air.
Elle refroidit l'air extérieur pour ajouter de la chaleur là où vous en voulez.
Donc on peut faire beaucoup mieux que 90 % de rendement.
Grâce aux pompes à chaleur. Au Japon, les pompes à chaleur se vendent comment des petits pains.
Voici en rouge le rythme de déploiement des pompes à chaleur.
Chacun de ces points indique combien de pompes à chaleur sont installées par an.
Et il ne s'agit là que des pompes à chaleur EcoCute. On en installe un demi-million par an au Japon.
Voici un graphique similaire pour la France, et le nombre de pompes à chaleur installées joue au yo-yo.
On dirait que la France a quelques problèmes avec les pompes à chaleur et s'il y a quelqu'un parmi vous
qui est un expert sur ce sujet, je serais très intéressé de savoir ce qui s'est passé à ce propos en France.
Nous avons des problèmes similaires en Angleterre, où le rythme de déploiement est encore plus faible.
Le troisième levier que je voudrais mentionner, je l'appelle regardez-vos-compteurs.
Regardez-vos-compteurs fonctionne comme suit :
Dans cette maison, que j'ai mentionnée précédemment, j'avais des compteurs énergétiques.
Un pour le gaz, un pour l'électricité et je ne les regardais jamais.
J'ai commencé à écrire un livre sur l'énergie et un ami m'a demandé un jour :
Combien d'énergie consommes-tu chez toi ?
Et j'étais bien embêté,
parce que je ne le savais pas !
Je ne regardais pas mes compteurs.
En fait, je les regardais, peut-être une fois par an, mais en fait, je ne suivais pas ce qu'ils indiquaient.
Alors je me suis transformé en compteur intelligent en regardant mes compteurs chaque semaine
et cela a changé ma vie.
Ce graphique montre l'évolution de ma consommation de gaz. Auparavant je consommais 40 kWh par jour en moyenne.
Ensuite j'ai commencé à regarder mes compteurs et j'ai réduit ma consommation à 13 kWh par jour.
Tout cela provient de mon interaction avec le compteur et le thermostat.
Parce que j'ai découvert que l'on n'a pas besoin tout le temps d'une température particulière.
Parfois, on veut avoir 19°C, mais parfois 13°C suffisent.
Et j'ai commencé à réfléchir et à changer mon thermostat souvent.
et à chaque fois qu'il pouvait être bas, j'ai fait en sorte qu'il le soit.
Et mon thermostat est souvent à 13°C dans ma maison. Et parfois il monte à 16°C
Et si on trouve qu'il fait froid, on le monte à 19°, 20° ou 21°,
peu importe, parce que la plupart du temps, il est à 13° ou 16°,
et c'est comme cela que vous économisez plus de la moitié de votre énergie.
Pour l'électricité aussi, je me suis mis à lire mon compteur régulièrement
et j'ai découvert que ma maison était peuplée de vampires que je pouvais débrancher,
et que cela faisait une vraie différence
Il ne s'agissait pas des chargeurs de téléphone, non, pas les chargeurs de téléphone
mais des périphériques d'ordinateur, de modem câble, de la chaîne Hi-Fi qui était allumée tout le temps,
du lecteur DVD qui était allumé tout le temps.
J'ai éteint tout ça, et j'ai découvert que j'économisais 45 watts.
Ca fait un kilowattheure par jour, soit 1 % de ma consommation d'énergie totale,
Ça vaut le coup : ça me laisse 55 euros par an
que je peux utiliser pour passer plus de vacances aux Canaries.
Je résume :
Il nous faut un plan dont le compte soit bon.
Etablir un plan dont le compte soit bon, c'est difficile si on veut se débarrasser des combustibles fossiles.
Les pays développés tirent 90 % de leur énergie, ou disons 80 %, des combustibles fossiles
Donc il faut un gros changement.
Il va falloir pousser fort sur beaucoup de ces leviers et beaucoup d'entre eux sont difficiles à pousser,
parce que les gens n'aiment pas voir des éoliennes dans leur paysage, ici et là en Europe.
Et les gens n'aiment pas trop demander à d'autres pays de leur donner leurs renouvelables.
Et les gens résistent au fait de changer de style de vie.
Tout le monde ne veut pas rouler à vélo ou prendre le train.
Donc c'est difficile et il faut réfléchir avec soin aux chiffres
et faire un plan dont le compte soit bon. Le compte doit être bon, pas seulement en moyenne.
Il doit être bon chaque minute tous les jours.
Et une autre chose dont je parlerais si j'avais une autre heure,
ce serait la manière dont on peut gérer les fluctuations du vent,
les fluctuations de la demande en électricité et les fluctuations de la demande en chauffage.
Ces courbes montrent la demande en électricité au Royaume-Uni qui fluctue chaque jour,
Celles-ci montrent la production moyenne d'un parc éolien national en faisant
comme si le Royaume-Uni avait 50 % d'éoliennes en plus que l'Allemagne aujourd'hui.
Combien produirait un tel parc éolien?
Et celui-ci montre la demande en gaz au Royaume-Uni,
la demande en chauffage, si vous préférez; qui varie tout au long de l'année.
Toutes ces courbes sont à la même échelle.
Donc il y a un vrai problème si on veut un plan dont le compte soit bon.
Il faut faire face à des variations phénoménales de la demande en chauffage.
Ici, en gigawatts, cela va de 200 GW de chaleur à 80 GW au milieu de l'été.
C'est beaucoup plus que les variations dans le système électrique.
Donc il nous faut un plan dont le compte soit bon,
et les journalistes, et les décideurs politiques ont besoin de comprendre les chiffres.
Voilà pourquoi j'ai écrit ce livre.
J'aimerais terminer en vous décrivant ce qui a été fait depuis que je suis devenu conseiller scientifique en chef
du ministère britannique de l'énergie et du changement climatique.
L'un des projets qui a été mené c'est le 2050 pathway projet
Le ministère a écrit un logiciel qui met en musique les idées de ce livre bien plus en détail
et de manière totalement open source.
Donc cet outil est accessible gratuitement sur Internet, et il permet à l'utilisateur d'explorer
différentes possibilités pour le Royaume-Uni côté demande et côté production.
L'outil n'a pas juste 6 leviers, il en a 42. Voici les 42 leviers :
ceux côté demande sont ici, ceux côté production sont là.
Et cet outil a été adapté à la Chine le gouvernement chinois a fait sa propre version de cet outil.
Voici le calculateur chinois qui a été publié cette année.
Et sans oublier : la Belgique a adapté son propre calculateur
Voici le calculateur pour la Wallonie Et voici le site Web du calculateur wallon, en français.
Voici les leviers du calculateur wallon.
Là encore, il y a une quarantaine de leviers côté demande et côté production.
Je suis ravi que ces idées aient trouvé un écho au sein de certains gouvernements.
Et j'aimerais finir en vous lançant le défi suivant :
peut-être la France voudrait-elle avoir elle aussi son calculateur ?
Permettez-moi de conclure en remerciant chaleureusement l'AMIDES pour avoir réalisé
cette traduction libre de mon livre.
Je vous encourage tous à la télécharger. Vous pouvez aussi acheter le livre papier.
Ce n'est pas facile de faire des plans dont le compte soit bon,
mais c'est possible. Je vous remercie de votre attention.
Il y a une question au milieu. Peut-on lui apporter un micro ?
Bien la question est : Et les prix ?
Dans mon livre, je ne parle pas des prix parce que je voulais écrire un livre
qui parle des lois de la physique et des contraintes que la physique et la technique
imposent sur ce qui est possible.
Les lois de la physique ne changent pas.
Par contre, les prix changent tout le temps, pour n'importe quoi.
Je m'en suis fait la remarque aujourd'hui, en arrivant de Grande-Bretagne,
où une tasse de thé coûte peut-être une livre sterling et ici à Paris, elle coûte environ 5 livres.
Les prix sont dingues. Ceci dit, c'est une question très importante.
Combien ça coûte, tout ça ?
Si on veut établir un plan dont le compte soit bon,
il faut que le compte soit bon du point de vue de la physique,
et il faut aussi un plan de financement,
et il faut que l'on comprenne le coût des différentes possibilités.
Et ces coûts sont très incertains. On ne connaît pas le futur.
Tous ces calculateurs incluent un volet coûts Ici, dans le calculateur belge, on a des coûts,
et dans le calculateur britannique aussi. Les coûts incluent des barres d'erreur.
Ainsi, vous pouvez voir le chemin que vous choisissez, et quels sont les coûts associés, avec des barres d'erreur.
En gros, le message, c'est que le business as usual, utiliser des combustibles fossiles, a un coût énorme.
Parce que si on continue sans rien changer, on va continuer à construire des bâtiments,
on va continuer à construire des systèmes de transport, on va continuer à construire des centrales électriques
et tout ça a un coût, et les combustibles fossiles ont aussi un coût.
Les coûts vont probablement être amenés à grimper et devenir élevés. Ça, c'est le business as usual.
Le coût de n'importe lequel de ces chemins prenant des mesures qui réussissent
à réduire notre dépendance aux combustibles fossiles et limiter le changement climatique ressemble à ça.
Le coût est plus élevé maintenant, et plus faible à l'avenir
parce que toutes ces bonnes idées, l'isolation des bâtiments, les centrales nucléaires, les parcs éoliens,
elles coûtent toutes cher aujourd'hui, et trois fois rien dans le futur.
L'isolation est gratuite une fois que vous l'avez mise,
le nucléaire est, et bien, pas tout à fait gratuit,
les éoliennes sont presque gratuites une fois construites aussi.
Il y a donc un choix à faire entre ces coûts qui sont ceux du business as usual,
et ces coûts si vous prenez des mesures.
La surface entre ces 2 courbes est à peu près la même.
Donc si vous regardez le coût total sur une longue période,
le coût est en gros le même, mais ce chemin-ci prend des mesures en faveur du climat.
Qui a un coût très significatif, et que mes 2 bras ne montrent pas.
Quelque chose qui m'impressionne et en même temps me terrifie,
c'est la permanence du trafic de voitures si vous restez au milieu d'un grand pont
de n'importe quelle autoroute dans le monde.
Vous voyez des voitures aller et venir jour et nuit, du matin jusqu'au soir, sans arrêt.
Combien de temps ça va durer, tout ça ?
Cent ans ? Mille ans ?
L'humanité existe depuis plus de cent mille ans.
On n'avait pas besoin de ce trafic il y a cent ou deux cents ans, et un tel trafic n'était pas possible.
Et il est probable qu'il deviendra impossible d'ici quelques siècles.
Je me demande juste : pourquoi les gens ne se posent-ils pas ce genre de questions ?
Combien de temps ça va pouvoir durer ? Combien ? Surement pas aussi longtemps que l'humanité.
Ne pourrait-on pas imaginer quelque chose du genre un jour sabbatique par mois,
juste pour permettre à la nature de se remettre de ce trafic ininterrompu ?
OK, si je comprends bien la question : la question est de savoir combien de temps ça va durer ?
Et l'une des manières d'interpréter cette question est :
Les idées de mon livre seront-elles toujours valables dans 50 ans ?
Certains pourraient demander : peut-être que d'ici 50 ans, on va faire un saut technologique énorme
et si cela arrive, évidemment que tout le monde serait ravi.
Mais à mon avis, la chose responsable à faire, c'est d'établir un plan
qui repose sur des hypothèses sans saut technologique énorme.
Sans supposer qu'il va exister une nouvelle technologie absolument extraordaire qui n'a pas encore été découverte.
Mon sentiment, c'est que c'est la chose responsable à faire.
Vous suggériez de prendre un jour par mois sans activité, pour permettre à l'environnement de se remettre.
Ça ferait une différence de, j'imagine, 3 % à certaines formes de dommages que nous faisons.
Et en particulier, pour les mesures sur le changement climatique, ça ne serait pas assez.
Nous avons besoin, non pas d'une réduction de 3 %, mais de 90 % d'ici 2050.
C'est ça la recommandation actuelle.
C'est vrai. Je supposais un jour férié pour toutes les formes d'activité, pas juste le transport.
Merci beaucoup pour cette excellente présentation. L'un des problèmes que pose la production d'énergie,
c'est souvent que l'on produit de l'énergie quand et où on n'en a pas besoin.
Cela veut dire qu'il y a 2 questions principales : celle du stockage et celle du transport .
Comment cela pourrait-il entrer dans ce cadre ? Pouvez-vous donner quelques indications générales
sur ce qu'on obtiendrait si on pouvait améliorer l'efficacité du transport ou du stockage ?
Bien, la question est donc : quid des fluctuations et quid du transport ?
Potentiellement parce que l'énergie est produite au mauvais endroit et au mauvais moment.
Les fluctuations et les infrastructures requises pour stocker l'énergie peuvent être extrêmement grandes.
Le stockage est donc un énorme défi.
Au Royaume-Uni, nous avons une installation de stockage qui ressemble à ça.
C'est une station de pompage-turbinage.
En France, vous en avez surement quelques unes dans les Alpes.
Cette installation est constituée de 2 lacs de montagne : voici le lac du haut, et voilà le lac du bas.
Et la quantité totale d'énergie stockée dans cette installation dans laquelle de l'eau est pompée jusqu'en haut
lorsqu'on a trop d'électricité et ensuite redescendue jusqu'au lac du bas lorsqu'on veut de l'électricité.
La quantité d'énergie stockée est d'environ 10 GWh.
Vous pouvez faire la comparaison avec la quantité d'énergie nécessaire pour stocker l'équivalent de 5 jours sans vent.
Si on revient sur ce graphique qui montre la production éolienne avec un parc éolien fictif :
de temps en temps, il y a des périodes sans aucun vent, ou presque aucun.
En moyenne, la production de ces parcs éoliens est d'environ 10 gigawatts, mais parfois, c'est proche de zéro.
De combien d'énergie a-t-on besoin pour pouvoir faire face à 10 gigawatts manquants pendant 5 jours ?
La réponse, c'est 1 000 gigawattheures.
Il faudrait donc 100 de ces installations,
si vous vouliez disposer d'un tel stockage avec du pompage-turbinage.
Le stockage est donc très difficile.
Je pense que soutenir l'innovation et la recherche et développement
dans de nouvelles technologies de stockage est une très bonne idée.
Une des manières possibles est de stocker la chaleur sous les bâtiments.
Il s'agit d'une idée très simple.
Voici un bâtiment dont l'arrière-cour est utilisée comme collecteur
de lumière solaire, et la chaleur obtenue est pompée et injectée sous le bâtiment.
Puis en hiver la chaleur est pompée du sous-sol.
Cela ne résout pas le problème de stockage de l'électricité.
Mais c'est une idée qui pourrait être une part de la solution.
Voici un village au Canada qui utilise cette idée. Il possède des chauffe-eau solaires et il stocke la chaleur
dans le sol, dans un grand trou de 30 mètres de large et 30 mètres de profondeur.
Encore une fois cela ne résout pas le problème de l'équilibrage électrique, mais cela aide
à résoudre les autres problèmes de fluctuations que voici,
c'est-à-dire celles du chauffage, qui sont encore plus grandes en hiver que celles du vent.
Il nous faut donc aussi une solution au problème de la chaleur.
Ensuite il existe une autre technologie, qui m'enthousiasme beaucoup,
qu'une société appelée Isentropic est en train de développer.
La voici.
Ici vous avez une pompe à chaleur qui est très efficace: elle est presque entièrement inversible.
On peut l'utiliser pour pomper de la chaleur d'un endroit à un autre, et inversement,
on peut reprendre de la chaleur et produire de l'électricité.
L'idée d'Isentropi c est que cela pourrait remplacer une installation de pompage-turbinage,
aussi grande que celle-là, avec ses 2 très grands lacs.
Ils peuvent la remplacer par 2 bâtiments relativement petits, qui sont capables de stocker
30 GWh d'électricité sous forme de chaleur en utilisant cette pompe à chaleur inversible.
Donc voilà une société britannique qui propose une autre manière de stocker de l'énergie de manière
sans doute plus compacte et moins chère.
Vous avez aussi posé la question du transport de l'énergie d'un endroit à un autre.
Donc si on devait produire de l'énergie dans le désert libyen ou quelque part dans le Sahara,
pourrait-on le transporter jusqu'en France ou au Royaume-Uni? Quelles seraient les pertes?
Les pertes d'énergie seraient relativement réduites.
On perdrait autour de 10 % de l'énergie en la transportant du Sahara jusqu'au Royaume-Uni ou jusqu'en France.
Une autre chose que l'on perdrait, c'est une partie du territoire,
parce qu'il faudrait construire des lignes à haute tension de bout en bout au bénéfice du Royaume-Uni,
et la superficie de terrain perdu serait substantiel.
Elle serait du même ordre que celle de la centrale solaire à concentration.
Peut-être un peu moins, mais les lignes supplémentaires exigeraient des terres.
A la place on pourrait aussi enterrer les lignes électriques, ce qui serait plus facile à accepter.
Mais ce serait plus cher.
Donc il y aura toujours des compromis à faire entre surface de territoire, site et quantité d'argent.
La question est :
est-ce que les renouvelables augmentent la consommation de combustibles fossiles ?
Par exemple en Allemagne, il n'y a pas autant d'éolien que dans ce graphique.
Les Allemands ont une capacité d'environ 23 GW , et ce graphique suppose 33 GW.
Les fluctuations de la production éolienne constituent pour l'essentiel une demande négative sur le système électrique.
Donc au lieu d'avoir une demande électrique simple, ils ont une demande aléatoire qui est plus faible.
Quelles en sont les conséquences ? Et bien la quantité totale d'énergie
qu'il faut tirer des combustibles fossiles est plus faible puisque la moyenne est nettement plus basse.
Mais le rendement de ces centrales sera un peu moins bon,
puisqu'elles devront faire face à une demande moins simple et moins prévisible.
Cependant, je pense que l'effet est petit.
Je pense que la différence de rendement reste en gros de quelques pourcents.
Donc je ne pense pas qu'il soit correct de dire que l'effet global soit
celui d'une augmentation de l'usage de combustibles fossiles.
Je pense qu'il s'agit d'une économie. C'est une grosse économie,
mais c'est environ 3 % de moins que l'économie que l'on ferait grâce à un calcul simple.
Une des équipes de mon ministère travaille en ce moment sur cette question pour trouver une meilleure réponse.
Nous espérons publier les résultats de ce travail au cours de l'année prochaine.
Donc oui, les renouvelables engendrent des fluctuations.
Les installations solaires en Allemagne créent aussi des fluctuations de production, mais qui sont plus prévisibles :
elles tendent à atteindre une crête vers le midi.
Et le midi en Allemagne, c'est l'heure du pic de demande électrique.
Donc on a là une corrélation raisonnable entre fluctuations attendues et demande.
En Allemagne, le pic est vers midi, mais au Royaume-Uni, il se situe vers 19 heures.
Il semble donc y avoir une différence de style de vie entre l'Allemagne et le Royaume-Uni.
Les gens ont des manières de vivre différentes. En France, il y a 2 pics.
A mon avis, en France, tout est bien plus régulier. Tous les pics et toutes les baisses sont plus importants,
parce que tout le monde déjeûne à la même heure.
Alors qu'au Royaume-Uni, vous ne pouvez pas détecter le pic du déjeûner.
Oui nous avons l'heure du thé, mais encore une fois, nous ne sommes pas aussi réguliers.
L'heure du thé peut varier entre 15 heures et 17 heures.
Dans votre livre, vous parlez beaucoup des trucs, ou de ce que vous appelez les trucs,
et les problèmes liés au fait de les produire et de les transporter.
Voyez-vous un potentiel d'économie d'énergie dans ce domaine ?
Oui, c'est une bonne question : Quid des trucs qu'on achète et puis qu'on jette ?
Je ne les ai pas mentionnés dans ma présentation, mais les trucs sont une grosse part de notre empreinte,
parce que de nombreuses industries fabriquent ces trucs pour nous, que nous jetons ensuite.
Et une grosse part du transport consiste à transporter des trucs.
Et l'essentiel de la fabrication des trucs se fait dans d'autres pays,
donc nous n'avons pas vraiment conscience de l'empreinte énergétique associée.
Dans mon livre, j'estime que jusqu'à 50 % de notre empreinte pourrait correspondre
à la fabrication de nos trucs dans d'autres pays.
J'ai écrit que notre consommation d'énergie est d'environ 125 kWh par jour et par personne.
Mais il est possible que nous consommions 100 kWh par jour et par personne de plus dans d'autres pays.
Donc oui, les trucs comptent vraiment pour beaucoup, et si on réduisait la quantité de trucs que nous utilisons,
ou si on les faisait durer plus longtemps, ce qui a le même effet,
cela aurait un énorme effet sur la consommation globale d'énergie.
OK, la question est : comment expliquer des idées de physique aux hommes politiques et à tous ceux qui comptent ?
A mon avis, parmi les gens qui comptent, il y a les hommes politiques, les fonctionnaires,
les leaders d'opinion, les gens qui écrivent dans les journaux et les gens qui parlent à la télé,
en qui les gens ont confiance et qu'ils croient.
Donc il faut trouver une manière d'influencer tous ces gens.
Lorsque j'ai écrit mon livre, j'espérais que certains d'entre eux le liraient,
donc c'est une manière d'essayer de les informer.
Les gens qui l'ont lu m'ont dit qu'ils étaient très contents de l'avoir lu.
Et certains m'ont dit : j'aurais aimé l'avoir lu il y a un an quand j'ai commencé ce poste de ministre.
Donc c'est une manière de faire.
Mais ces gens sont très occupés, et c'est très difficile d'obtenir de leur temps.
Si vous arrivez à avoir une demi-heure d'un homme politique, vous aurez de la chance.
Donc c'est difficile.
Une autre manière de répondre à ce problème de communication
est d'utiliser le calculateur 2050 que je vous ai montré.
Il est là ? Non ?
Cet outil est destiné au grand public, aux leaders d'opinion, aux fonctionnaires et aux hommes politiques.
Lorsque j'arrive à avoir du temps d'hommes politiques, en haut des priorités,
il y a la question de savoir s'ils comptent utiliser cet outil et de voir quels messages ils en tirent.
Très récemment, nous avons commencé à utiliser cet outil pour engager les parlementaires au Royaume-Uni.
L'outil existe depuis environ 2 ans et demi désormais,
et nous avons à peine commencé à passer du temps avec les politiques pour voir s'il les aide
à changer leur perception des choses, à étayer leurs avis. Nous essayons aussi de l'utiliser avec le grand public.
Nous avons l'intention de conduire des sessions durant lesquelles on donne l'outil
à un groupe de personnes, auquel on demande de s'entendre sur un chemin, une voie pour atteindre l'objectif en 2050.
L'hypothèse, que nous allons vérifier est que cette interaction va changer leur perception des choses.
Nous espérons que c'est ce qui va se passer. Je n'en suis pas sûr, mais voilà pourquoi nous le faisons.
Nous espérons que les gens vont changer d'avis sur l'avis du reste de la population.
Il y a une métrique que vous n'avez pas mentionnée. Bien sûr, elle n'est pas purement physique,
mais je me demandais si vous pourriez nous parler
de l'intensité en énergie de la production de richesses, et de l'intensité en carbone de la production de richesses.
Parce que là, on voit des contrastes incroyables Les Etats-Unis étant dans la moyenne mondiale
et les pays ayant le plus besoin de se développer dépensant deux fois plus pour produire leur richesse.
OK, donc la question tourne autour de l'intensité en carbone mesurée par unité de produit intérieur brut
ou par unité d'activité économique,
et de ce que je pense de cette métrique, et de la raison pour laquelle je ne l'ai pas mentionnée.
Quand ils parlent de ce sujet, certains écrivent ce qu'on appelle l'équation de Kaya.
Les émissions sont égales à quelque chose, multiplié par autre chose, multiplié par encore autre chose,
et l'une de ces choses, c'est l'intensité en carbone de l'économie.
C'est une équation qui introduit l'argent dans la définition des émissions de carbone.
Et j'hésite à faire ça. Je ne veux pas avoir l'argent ou le PIB là-dedans.
Parce que je ne comprends pas vraiment ce qu'est l'argent
je ne comprends pas ce qu'est l'économie, et je ne comprends pas ce qu'est le PIB.
Et je me méfie lorsque quelqu'un dit : Oh oui, le PIB de ce pays-ci est de tant, et le PIB de celui-là est de tant.
Les Etats-Unis, la Chine... Cela ne dépend-il pas du taux de change ?
Et le taux de change ne serait-il pas quelque peu arbitraire ?
Donc je ne crois pas vraiment au PIB,
et je ne veux pas souiller les jolies équations de physique en y introduisant quelque chose dans lequel il y a l'argent.
Je pense que la physique, c'est la physique.
Les gens émettent du carbone parce qu'ils veulent monter dans une petite boite
et se déplacer très très vite, en faisant de jolis tourbillons d'air derrière eux.
Et cela n'a rien à voir avec le PIB. Ils avaient des combustibles fossiles sous la main et ils les ont brûlés.
Et on n'a eu pas besoin de l'économie pour expliquer ce qui se passe.
Donc je ne regarde pas beaucoup ces chiffres-là, mais je reconnais qu'ils sont intéressants.
Merci !
Ma question est celle du niveau de connaissance de toutes ces choses au sein du grand public.
Je pense que les journaux télévisés ou la presse écrite sont plus des informations
sur la manière de verdir notre manière de vivre qu'autre chose.
Et j'ai l'impression que le plus souvent, c'est juste de l'éco-blanchiment.
Ils ne nous donnent pas de vraies solutions, il s'agit typiquement de débrancher son chargeur
ou des choses de ce genre.
Ne pensez-vous pas que les gens influents, ou les hommes politiques
devraient agir sur les médias grand public pour simplement interdire
les informations stupides qui trompent les gens en leur faisant croire
qu'ils font ce qui faut en débranchant leurs chargeurs ?
Oui, donc la suggestion est : est-ce que les hommes politiques
devraient faire passer une loi interdisant les informations stupides ?
Il est possible que cela puisse être un défi pour certains hommes politiques
Mais le sujet, ici, est le fait que certaines informations sont de l'écoblanchiment.
Il y a plein de groupes qui disent: voilà les 7 choses que vous pouvez faire pour que vos gestes comptent,
et ils vous donnent une liste de 7 choses à faire. Peut-être une ou deux seront de bonnes idées,
mais probablement plusieurs d'entre elles seront hors sujet, à côté de la plaque.
Et la liste ne comprend pas : prenez moins l'avion.
Et concernant le thermostat, ils vous diront : mettez le thermostat à 19°.
Alors qu'il faudrait dire : baissez-le à 13° !
Donc oui, ces listes posent un vrai problème. Et ce que je suggèrerais, c'est :
si vous voyez une liste dans un journal ou ailleurs, écrivez-les en disant :
Non, il existe un livre gratuit, et ce livre gratuit que tout le monde peut lire dit
que ces choses ne sont pas les 7 choses les plus importantes à faire.
Voici les chiffres. Et on peut espérer que si suffisamment de gens suivent ce conseil,
si suffisamment de gens dénoncent ainsi l'écoblanchiment,
peut-être qu'on arrivera à améliorer la qualité du débat public.
Mais c'est toujours difficile, parce qu'il y a toujours des gens qui cherchent à vous tromper.
Par exemple, s'ils ont une entreprise, et qu'ils ont quelque chose à vendre,
ils vous diront: Oh mon produit est incroyable, il est vert, il est doux, il est super !
Et ils vous raconteront des salades. Et puis les gens confondent les choses,
ils ne comprennent pas bien les unités, ils mélangent kilowatts et kilowattheures.
Donc c'est toujours un combat difficile. Mais si tout le monde se mobilise,
en particulier les physiciens, les ingénieurs, Je suis sûr qu'on arrivera à faire des progrès.
La question que je pose concerne notre dépendance aux combustibles fossiles.
Mon ressenti, c'est qu'on s'est reposé presque entièrement sur le message du CO2
durant en gros les 10 dernières années. Et la contrainte sur les ressources
et le caractère non infini des ressources n'est presque jamais présent dans les médias
et donc d'une certain manière, cela donne un mauvais message sur l'urgence de la chose.
Si on compare avec les années 1970... Je veux dire, nous vivons un choc pétrolier
et personne ne le dit, fondamentalement.
D'une certaine manière, le message sur le CO2 est plus facile,
parce qu'on peut dire qu'on va continuer comme avant mais de manière plus propre,
alors que le message de la contrainte sur les ressources, ou surle pic pétrolier,
en même temps si compréhensible pour les gens, reste presque toujours absent.
Dans les années 1970, le message sur le CO2 n'était pas présent.
Le pétrole devient de plus en plus cher, c'est une réalité.
Mon sentiment, c'est que l'on insiste trop sur le message du CO2,
et que cela masque plus ou moins la véritable urgence de la question des ressources.
OK, la question est : jusqu'à quel point faut-il mettre l'accent
sur les différentes motivations que je mentionnais au début ?
Donc la question de la raréfaction totale des resources dans le monde
ou le problème de la raréfaction des ressources locales
et de la sécurité des approvisionnements,
de ne pas vouloir dépendre du pétrole des Arabes, ou ce type d'arguments.
Il s'agit de motivations, et la motivation du climat en fait partie.
A quel point faut-il mettre l'accent sur ces différentes raisons ? Ma tactique, c'est de m'adapter à l'assistance.
Si l'assistance est sensible à la sécurité des approvisionnements,
alors je leur parle plus de la sécurité des approvisionnements.
Mais l'argument de sécurité de l'approvisionnement en pétrole, en combustibles fossiles et des ressources totales,
ce n'est à mon avis pas un argument très solide.
Vous avez raison dans le sens où de nombreuses personnes vont y répondre en disant :
oui, je veux réduire ma dépendance au pétrole
parce que les prix du pétrole sont élevés, et ils peuvent s'élever plus encore.
Et les prix du gaz sont élevés dans certaines régions du monde.
Donc c'est un argument utile. Mais en fait, des décisions politiques peuvent le rendre caduc demain,
par exemple si l'Arabie saoudite produit plus de pétrole, et alors pendant 3 ans,
les prix du pétrole vont baisser à nouveau, Et ensuite, ils vont remonter.
Donc c'est un argument sur lequel il est difficile de s'appuyer.
Je suis d'accord qu'il nous faut mettre l'accent sur tous ces arguments.
Et je pense que ce qui va vraiment se passer pour les prix des combustibles fossiles, c'est qu'ils vont être volatils.
Je ne pense pas qu'on puisse dire à coup sûr qu'ils seront toujours élevés.
J'ai fait un pari avec quelqu'un, alors que le prix était au dessus de 100 dollars le baril,
qu'il se passerait longtemps avant qu'il ne redescende en dessous de 100 dollars le baril.
Et j'ai perdu mon pari, parce qu'il est redescendu à 60 dollars.
Mais ils seront volatils, les prix des combustibles fossiles seront volatils,
Parce qu'il est difficile de mobiliser très rapidement les infrastructures nécessaires.
Et il y aura des moments où il faudra faire face à des pénuries de pétrole et des pénuries de gaz.
Et ça, c'est peut-être une manière intellectuellement judicieuse de sensibiliser les gens.
Dans les faits, le secteur du pétrole et du gaz arrive très bien à trouver de nouvelles manières
de réduire ses coûts.
On produit du gaz de schiste dans de nombreuses régions.
Les prix des combustibles fossiles pourraient rester à des niveaux comparables
à ceux d'aujourd'hui pendant pas mal de temps, mais ils seront volatils autour de ces niveaux.
Merci beaucoup pour cette brillante présentation.
J'aime beaucoup l'idée du calculateur en ligne,
ce modèle accessible à tous sur Internet.
Ma question concerne plus la manière dont vous agrégez les diverses préférences
pour différentes trajectoires de la transition énergétique.
Sans doute savez-vous qu'en ce moment, en France, il y a la seconde table-ronde du débat national
pour la transition énergétique,
qui rassemble différent acteurs, des représentants de l'industrie,
des syndicats, des politiques venant de différentes régions,
dont le but est de produire une loi sur la transition énergétique en septembre prochain.
Quel conseil donneriez-vous au sujet de cette expérience en France, qui est un mélange complexe
entre expertise et politique? Merci.
OK, il s'agit d'une question sur les préférences, sur comment obtenir les préférences des gens
et comment les prendre en compte.
L'une des choses que je voudrais dire,
il est important de ne pas faire d'optimisation économique. Il est habituel dans le monde de l'économie de l'énergie
et au sein des gouvernements de définir des politiques sur la base d'un logiciel qui fait de l'optimisation économique.
Donc de se poser la question : Quel est le chemin le moins coûteux
pour remplir l'objectif pour 2050, pour l'Europe, pour le Royaume-Uni ou pour la France ?
Quel est le chemin le moins coûteux ?
Et si vous faites ça, vous avez totalement ignoré les préférences des gens.
Vous avez fait un modèle de marché. L'une des choses que j'aime dans l'approche du calculateur 2050,
c'est qu'il ne fait pas d'optimisation, il laisse ça à l'utilisateur,
et l'information du coût est l'un des éléments d'information. L'utilisateur peut aussi y mettre ses propres préférences,
et le tout repose toujours sur la physique.
Donc le conseil que j'aurais pour la France si vous me le demandiez,
ce serait de dire : assurez-vous que cela repose sur la physique.
Assurez-vous que les gens ne puissent pas exprimer de préférence quelconque avant d'avoir compris la physique
et avant d'avoir un plan dont le compte soit bon.
Donc il vous faut très vite un calculateur pour la France, parce que les gens ont besoin de pouvoir exprimer
des préférences d'une manière dont le compte soit bon. Parce que je suis sûr que si vous n'avez pas ce calculateur,
la plupart des gens auront des préférences dont le compte n'est pas bon.
En Grande-Bretagne, nous avons des gens qui disent : Ah, le nucléaire, c'est la réponse,
voyez la France, et ils ne voient pas que...
Oui, c'est vrai, la France tire presque toute son électricité du nucléaire. Génial !
Mais il ne s'agit que de l'électricité, et cela laisse de côté les transports et le chauffage, qui restent sans réponse.
Donc, des gens intelligents affirment: le nucléaire, c'est la réponse,
mais ils n'ont pas réfléchi au système dans son ensemble.
Donc je pense que vous avez besoin d'un calculateur, car le calculateur peut être un outil utile
pour permettre de trouver les préférences des gens.
Encore deux questions.
Merci pour votre outil. J'aime beaucoup l'histoire du début avec les 7 km d'agrocarburants le long de la route.
Mais j'aimerais reprendre le calcul de ce chiffre, dont on peut penser que c'est vraiment beaucoup trop.
Mais si on passe à l'électricité photovoltaïque le long de la route et à des voitures électriques,
alors à partir de vos chiffres, on aura une baisse d'un facteur d'au moins 160, voire 300, de cette largeur.
Elle devient alors du même ordre que la largeur de la route. Pouvez-vous faire un commentaire là-dessus ?
Génial. La question est donc : et si on posait une question différente ?
Et si on disait : utilisons le bord de la route pour des panneaux solaires alimentant des voitures électriques.
Quelle largeur aurait le bord de la route ?
Et l'hypothèse, c'est qu'il serait significativement plus petit. Et je suis d'accord, parce que la puissance moyenne
des panneaux solaires est d'environ 5 W/m² s'ils ne se font pas d'ombre les uns les autres.
Et les plantes dans ce calcul sont en dessous de 0,5 W/m²
Dont le bord serait au moins 10 fois plus petit. Il suffirait d'une bande de 700 mètres de large.
Et si vous passez aux voitures électriques, vous obtenez un autre facteur 4.
Donc 100 mètres de large le long de la route vont suffire.
Alors oui, c'est seulement 100 mètres de large et il vous faudrait d'espace pour les batteries
qu'il faut remplir lorsqu'il y a du soleil pour pouvoir continuer à conduire durant l'hiver.
Donc je suis d'accord avec votre calcul :
oui, les panneaux solaires requièrent beaucoup moins de surface au sol que les agrocarburants,
et oui, les véhicules électriques sont bien meilleurs que les voitures d'aujourd'hui.
C'est exactement le genre de calculs que j'aime encourager.
Oui, mais cela fait seulement 12 000 voitures sur 1 000 kilomètres.
Il n'y a pas beaucoup de voitures dans ce calcul.
80 mètres entre 2 voitures, cela fait 12 000 voitures sur 1 000 kilomètres.
OK, donc la question est : est-ce qu'on a pris le bon nombre de voitures sur la route ?
Dans ce calcul, l'hypothèse est que ces voitures roulent tout le temps, 24 heures sur 24.
C'est un calcul simple. Dans les faits, les voitures ne roulent qu'environ 1 % du temps.
Donc il y a considérablement plus de voitures, qui roulent environ 1 % du temps,
et la distance entre elles n'est pas non plus celle-là.
En fait, pour un calcul complet sur l'ensemble du système énergétique, il faut faire un autre calcul.
Mais ça, c'est ce qu'on peut faire avec cette méthode simple.
J'ai une question qui concerne la Grande-Bretagne. Pouvez-vous nous dire quels sont les objectifs
de réduction de carbone pour votre pays ?
Et puisque vous êtes Conseiller scientifique en chef, pensez-vous que vous atteindrez ces objectifs ?
OK, ce sera la dernière question, d'accord ?
Quels sont les objectifs légaux du gouvernement britannique ?
Nous avons un objectif légal, que montre cette ligne verte.
Nous avons une loi appelée le Climate Change Act, qui dit qu'en 2050, les émissions du Royaume-Uni,
mesurées à l'intérieur de ses frontières doivent être 80 % inférieures aux émissions en 1990,
ce qui veut dire 2 tonnes par an et par personne. Est-ce qu'à mon avis, on atteindra cet objectif ?
Je ne sais pas, cela dépend.
Mais nous avons une description des politiques qui nous mènent à cet objectif.
Nous avons utilisé le calculateur, nous avons publié un document.
Permettez-moi de vous le montrer.
Il y a un an, le gouvernement a publié son plan carbone, et son plan carbone ressemble...
à ceci.
Et son plan carbone décrit comment il compte atteindre cet objectif.
Et l'un des éléments de la loi est que périodiquement, le gouvernement doit décrire
ce qu'il va faire pour remplir cet objectif.
Pas simplement pour 2050, mais aussi les objectifs intermédiaires tous les 5 ans.
Donc le plan carbone décrit comment on va atteindre cet objectif.
Ce document admet aussi que nos politiques actuelles ne sont pas suffisantes pour pouvoir atteindre cet objectif.
Donc ce document dit : il nous faut des politiques différentes, et le document identifie les domaines
dans lesquelles ces politiques doivent être développées.
Donc fondamentalement, le Royaume-Uni a un objectif. Il n'est pas sur la bonne voie,
mais il sait qu'il n'est pas sur la bonne voie. Et il précise ce qu'il doit faire.
A suivre...
Well, il y a un temps pour s'arrêter.